Les trois catégories principales de charges de copropriété
Les charges de copropriété se répartissent en trois groupes essentiels qui régissent tant leur nature que leur mode de répartition. Les charges générales concernent l'entretien, la conservation et l'administration des parties communes. Elles sont votées chaque année en assemblée générale et inscrites dans un budget prévisionnel, puis réparties proportionnellement aux tantièmes détenus par chaque copropriétaire.
Les charges spéciales concernent uniquement certains copropriétaires bénéficiaires, liées à des services ou équipements précis comme un ascenseur. Leur répartition repose strictement sur l’utilité objective de ces services pour chaque lot, excluant les non-utilisateurs.
Les charges exceptionnelles recouvrent des dépenses hors budget courant, telles que des travaux importants ou des études techniques imprévues, nécessitant un vote spécifique en assemblée générale pour leur approbation.
Le rôle des tantièmes dans la répartition des charges générales
La répartition des charges générales repose essentiellement sur la notion de tantièmes, qui représentent la quote-part de chaque lot dans les parties communes de la copropriété. Cette valeur est exprimée en millièmes et calculée selon la valeur relative du bien, prenant en compte la surface, la situation et les aménagements spécifiques.
Calcul et précision des tantièmes
Le règlement de copropriété précise les modalités de calcul des tantièmes. Ce travail est souvent confié à un géomètre expert afin d’assurer une évaluation juste et équitable. Cet enjeu est crucial car les tantièmes déterminent la participation financière de chaque copropriétaire aux charges collectives.
Répartition des charges générales selon les tantièmes
Les charges générales, inscrites au budget prévisionnel, sont ensuite réparties à proportion des tantièmes attribués à chaque lot. Ainsi, un copropriétaire possédant 100/1000 de tantièmes paiera deux fois plus que celui qui en possède 50/1000, reflétant la valeur relative de son bien dans l’ensemble. Cette méthode garantit une conformité aux principes d’équité et de proportionnalité.
Les critères d’utilité pour la répartition des charges spéciales
Les charges spéciales se distinguent par leur attribution uniquement aux bénéficiaires effectifs des services ou équipements concernés, garantissant ainsi une imputation juste. Par exemple, en cas d’ascenseur, la répartition se fait selon un coefficient d’étage, les copropriétaires des niveaux supérieurs contribuant davantage en raison de leur usage accru.
Le règlement de copropriété détaille précisément les clés de répartition pour chaque service ou équipement. Cette transparence est essentielle pour prévenir les contestations et assurer que seuls les utilisateurs paient pour ces prestations, tout en maintenant la participation des autres aux charges générales.
Les copropriétaires non utilisateurs restent donc exempts de ces charges spéciales mais continuent à contribuer aux charges générales, respectant ainsi les principes d’équité et de juste participation.

Le processus d’appel, de paiement et de recouvrement des charges de copropriété
Le paiement des charges en copropriété suit un mécanisme bien structuré permettant une gestion fluide :
- Les copropriétaires reçoivent trimestriellement des appels de fonds sous forme de provisions sur charges, correspondant à un quart de leur quote-part annuelle définie dans le budget prévisionnel voté en assemblée générale.
- En cas d’impayés, le syndic adresse une mise en demeure formelle par lettre recommandée avec accusé de réception au copropriétaire défaillant.
- Si aucune régularisation n’intervient, le syndic peut entamer des procédures judiciaires basées sur l’article 210 de la loi ELAN, permettant une injonction de payer sans autorisation préalable de l’assemblée générale.
- Pour sécuriser le recouvrement, des mesures conservatoires comme l’inscription d’une hypothèque légale peuvent être mises en place sur le lot concerné.
- Par ailleurs, pour les copropriétaires bailleurs, certaines charges locatives récupérables peuvent être refacturées au locataire, à condition que ce soit clairement spécifié dans le contrat de bail.
Ce processus garantit la maîtrise financière collective et évite les dérapages budgétaires, tout en protégeant les droits des copropriétaires et locataires.
Les recours et contestations concernant la répartition des charges
Les copropriétaires disposent de voies claires pour contester la répartition des charges :
Quand contester ?
Si un copropriétaire estime que sa quote-part dépasse de plus de 25 % ce qui devrait être payé selon le règlement de copropriété, il peut agir dans un délai de cinq ans après publication du règlement ou deux ans après la première vente du lot.
Procédure de contestation
Initialement, la contestation doit être soumise au vote unanime en assemblée générale. En cas de refus ou d’absence de décision, le copropriétaire peut saisir le tribunal judiciaire compétent par action en révision ou annulation de la répartition contestée.
Effets et garanties
Le tribunal peut annuler rétroactivement une répartition erronée sur une période pouvant s’étendre jusqu’à dix ans, protégeant ainsi les copropriétaires contre des surcharges indues. Le processus garantit une procédure contradictoire et vise à préserver l’équité et la transparence dans la gestion collective.
Selon matera.eu, l’article 10 de la loi du 10 juillet 1965 encadre précisément ces règles, assurant un cadre légal solide pour le partage équitable des charges et les voies de recours.
